La vie en rouge by Max Collins

Auteur:Max Collins [Collins, Max]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Gallimard - Série Noire
Publié: 2017-11-21T15:34:40+00:00

VI

— C’est du beau travail, l’irlandais, dit Nolan.

Le petit homme roux s’appuya sur le capot du break dernier modèle, qui semblait étrangement déplacé au milieu du sol cimenté jonché de machines à sous.

— Un artiste. C’est un de mes amis, dit l’irlandais. Le meilleur maquilleur de voitures volées du Middle-West. Le meilleur de Chicago. Elle était noire et blanche, avant de devenir vert clair et vert foncé.

— C’est formidable ! Je te dois combien ?

— Cent cinquante.

Nolan prit une liasse de billets dans sa poche et en extirpa deux billets de cent dollars.

— Garde le reste pour le dérangement.

— Non, Nolan, inutile…

— Ne discute pas, espèce de métèque entré en fraude !

L’Irlandais se mit à rire et passa la main dans sa tignasse rousse.

— Bon, mais alors, tire-toi d’ici. Tu nous rends nerveux, moi et mes juke-boxes.

Ils se serrèrent la main, et Nolan s’installa au volant. L’Irlandais fit basculer la porte du garage. Lorsque le break fut prêt à s’engager dans la rue, Nolan baissa la vitre.

— Merci ! hurla-t-il.

L’autre s’approcha de la vitre ouverte :

— Quoi qu’il arrive, maintenant, bonne chance, l’ami, et que Dieu t’accompagne !

— Tu peux garder le bon Dieu, dit Nolan. J’opte pour la chance.

Nolan s’engagea dans la rue. Il parcourut cent cinquante mètres et se gara au parking d’une quincaillerie où l’attendait Jon, avec sa Chevrolet. Nolan sortit de la voiture et rejoignit Jon sur le siège avant.

— Ça ne prendra pas longtemps, dit Jon.

— Il le faut, rétorqua Nolan. Le type qui dirige cet établissement est un ami. Il pourrait avoir des ennuis si certaines personnes apprenaient qu’il m’a aidé.

— Je croyais que… Comment dites-vous déjà ?… La Famille était au courant de vos projets.

— Non. Il n’y a que deux personnes de la Famille qui le savent. Personne d’autre. Mais si un larbin de l’Organisation me repère et décide de prendre les choses en mains, il risque vraiment de nous faire tout louper.

— Et que penseraient les deux autres types de la Famille, s’il vous arrivait une chose pareille ?

— Ils n’en perdraient pas le sommeil, n’aie crainte.

— Ah… (Jon s’éclaircit la voix.) En voilà une belle voiture !

— Ouais, elle te plaira, petit. Elle a un compartiment secret et tout… Exactement comme dans les bandes dessinées.

— La Batmobile.

— Hein ?

— Rien. Vous retournez à la ferme, maintenant, Nolan ? Vous me suivez dans le break ?

— Non. Je pense que je vais rester quelques heures à Davenport pour surveiller notre ami Grossman, et voir si notre petite conversation de la nuit dernière a porté ses fruits.

— Je ne crois pas que ce soit nécessaire, Nolan.

— Moi, je crois que si. Peux-tu me guider jusqu’à cette librairie dont tu m’as parlé ?

Jon haussa les épaules.

— Je crois que oui.

Nolan retourna à la voiture. La Chevrolet continua tout droit dans la rue, puis amorça un virage à gauche et s’engagea finalement dans une place de parking libre, devant une maison délabrée d’un étage.

La façade sans fenêtre de la construction était recouverte de fausses briques jaunes.

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